Si notre histoire pouvait servir ...
Après le viol, la vie !
Quand j’ai quitté ce poste de cadre que beaucoup m’enviaient, j’étais sonnée, je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait ! Pourtant, avec le recul, je sais que j’avais tout sous les yeux depuis très longtemps.
Quelque part dans ma tête, à chaque difficulté endurée, je me disais : « tu vas t’en sortir, tiens bon et continue à avancer, les gens comptent sur toi, tu ne peux pas les laisser tomber… » Et mon corps ? Il encaissait, sans jamais vraiment se plaindre, un peu comme anesthésié et adepte du « même pas mal ! » Quand à mon cœur, il y a bien longtemps que la raison l’avait mis hors jeu.
Pour la première fois, je touchais à une autre facette de ma capacité d’adaptation, de ma persévérance ou bien encore de mon optimisme à toute épreuve. Ces valeurs m’avaient donné des ailes pendant tant d’années ! J’avais du mal à imaginer qu’elles aient pu me pousser hors de mes limites, hors de ma nature profonde, jusqu’à ressentir cette sensation de ne même plus savoir qui j’étais.
C’est à ce moment précis que j’ai commencé à travailler sur moi. Je me suis mise à explorer le passé en espérant trouver, de-ci de-là, des indices sur moi, sur ce qui avait pu me plonger dans cet état et sur ce qui pourrait me permettre de rebondir cette fois de plus !
Je me suis alors aperçue que cette vie qui me semblait très banale voire un peu lisse était, en réalité, parsemée d’événements marquants que j’avais mis à distance. Parmi eux, il y avait le viol…
Il arrive parfois qu'un événement vous ouvre à un possible
que vous n'aviez même jamais imaginé !
Un Burn Out, et tout s’est écroulé : incapacité à reprendre une activité professionnelle, divorce, garde alternée de nos filles, vente de la maison, dépression…
Pendant deux ans j’ai avancé en tâtonnant jusqu’à prendre enfin conscience de l’enchainement de violence à laquelle j’avais été confrontée à 21 ans :
● six semaines de manipulation et de viol par un homme déjà recherché pour les mêmes faits.
● trois ans et demi de mise en examen sous contrôle judiciaire avant d’obtenir un non lieu.
● un capitaine de police missionné pour me retrouver sous le coup d’une enquête interne.
La liste des victimes, presque toutes étudiantes , était longue et nous avons été plusieurs à nous porter partie civile. Le procès aux assises a eu lieu à huis clos et le coupable a été condamné à 10 ans pour viols et escroqueries. Le capitaine de police a, par ailleurs, été condamné à 2 ans pour agressions sexuelles.
Je me souviendrai toujours du moment où j’ai associé le mot « VIOL » à ma propre histoire. J’étais soulagée et enthousiaste car persuadée de tenir enfin la clé pour sortir de mon mal-être, mais rapidement j’ai compris que cela n’allait pas être si simple : le diagnostic était posé mais il n’existait pas de protocole de guérison après un viol.
Sensibilisée à la psychogénéalogie, il était impossible pour moi de ne pas faire tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter à mes filles de porter le poids de ce traumatisme. J’ai donc entrepris de suivre mon propre chemin et ma compagne, victime d’inceste, s’est associée à ma démarche et l’a enrichie.
Je suis aujourd’hui convaincue que d’avoir avancé à deux a fait une vraie différence !
C’est en trouvant notre place et en reprenant ainsi possession de notre propre pourvoir, que nous avons réussi à nous libérer du pouvoir et du contrôle que « l’autre » avait pris sur nos vies.
Je me suis appuyée sur ✓des thérapeutes, ✓des coachs, ✓des livres, ✓des films, ✓des reportages. J’ai rencontré des associations sensibilisées aux violences sexuelles. Cela aura pris des années néanmoins , petit à petit, nous avons réussi à ramener de plus en plus de lumière dans notre quotidien.
Je PEUX / VEUX maintenant partager le savoir et les stratégies que ma compagne et moi avons expérimentés pour faire gagner un maximum de temps et d’énergie aux femmes et aux hommes touchés par le viol et désireux de faire de cet événement traumatisant un tremplin vers une vie meilleure.